Synesthésie : ce que la science (ne) sait (toujours pas) sur ce chevauchement des sens

Ce phénomène qui colore la vision ou l’ouïe ou qui permet de visualiser le temps en 3D, reste très mystérieux. Son origine est-elle génétique? Lié au développement du cerveau? Les synesthètes sont peu nombreux et très diversifiés, ce qui complique la tâche des chercheurs.

D’où vient la synesthésie? Quels mécanismes le déclenchent? Et pourquoi seulement chez des personnes différentes? «Il y a beaucoup de questions sur la synesthésie auxquelles on peut répondre avec cette certitude: il n’y a pas de réponse définitive», prévient Jean-Michel Hupé, du Centre de recherche sur le cerveau et la cognition de l’Université de Toulouse. Le phénomène a été identifié dès le 19ème siècle, mais jusqu’à présent, son étude a surtout confirmé qu’il est bien réel et qu’il ne se produit pas consciemment, même pas avec une formation. Depuis la fin du XXe siècle, les chercheurs se sont d’abord penchés sur l’origine génétique de la synesthésie, puis ont utilisé les possibilités de l’imagerie médicale pour étudier le cerveau de la synesthésie, et certains se rabattent désormais sur une explication liée à la Mémoire. Ces trois pistes ne sont pas mutuellement exclusives, mais aucune n’a encore conduit à des preuves concluantes.

Ainsi, dans les années 1990, l’observation de différentes synesthésies au sein d’une même famille, plus souvent des femmes, suggérait que la synesthésie était transmise génétiquement, par le chromosome X. Mais les études de prévalence systématique – et non plus basées sur la participation spontanée – ont révélé une proportion identique pour les hommes et les femmes. Des exemples de père et de fils comme synesthésie unique de la même famille ainsi que des cas de jumeaux identiques avec une seule synesthésie ont prouvé une explication génétique simple.

Depuis, des recherches ont comparé les génomes de la synesthésie à ceux des membres de leur famille. Mais ils ne s’attendent pas à trouver un «gène de synesthésie». Au contraire, la scientifique cognitive Tessa van Leeuwen de l’Université Radboud de Nimègue, aux Pays-Bas, envisage « un ensemble de gènes qui prédisposent à l’apparition d’associations systémiques sans les provoquer à chaque fois. Peut-être sont-ils les gènes associés au développement du cerveau? »

Pas de liaisons anormales dans le cerveau

Pas de liaisons anormales dans le cerveau

La synesthésie cérébrale est étudiée depuis les années 2000, en utilisant l’IRM fonctionnelle (IRMf). Les chercheurs tentent de montrer une différence d’activité dans certains réseaux de neurones entre les non-synesthésies et les synesthésies. L’hypothèse est que, dans ce dernier, les connexions sont anormalement nombreuses ou actives entre certaines zones. Le domaine spécialisé dans la reconnaissance des lettres, par exemple, serait associé à celui impliqué dans la vision des couleurs, et la recherche du premier active spontanément le second, provoquant une synesthésie graphème-couleur. Ces connexions anormales se situent le plus souvent entre ces deux zones car elles sont proches l’une de l’autre dans le cortex visuel.

Vous avez lu 61.84% de cet article. Le reste est réservé aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message apparaît sur l’autre appareil.

Parce que quelqu’un d’autre (ou vous) lit le monde avec ce compte sur un autre appareil.

Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

Comment puis-je ne plus voir ce message?

En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

Que se passe-t-il si vous continuez à lire ici?

Ce message apparaît sur l’autre appareil. Ce dernier reste connecté avec ce compte.

Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais utilisez-les à des moments différents.

Je ne sais pas qui est l’autre personne?

Nous vous recommandons de changer votre mot de passe.

Sources :

Voir aussi
Articles en relation