Repenser le rapport entre la science et les médias
À l’ère des réseaux sociaux et des théories du complot, le rôle des médias dans la diffusion de l’information scientifique est devenu un véritable enjeu démocratique. Nous devons changer notre vision de la « science », trop souvent du monde, pour mieux la critiquer.
Raphaël Chevrier, Ph.D., chroniqueur spécifiquement pour « Charlie Hebdo » et auteur
S’il y a une chose que les médias de tous les chemins de fer ont pu reconnaître au cours des dix-huit derniers mois, c’est la difficulté avec laquelle ils ont dû couvrir l’information scientifique pendant la crise du Coronavirus. Face à un virus imprévisible et à une situation sanitaire ahurissante, comme nous tous, la presse écrite ou les médias audiovisuels ont souvent du mal à distinguer entre la certitude du savoir et l’incertitude de la recherche. Ainsi, la plupart des études alarmantes ont été lancées dans l’un des faits divers. Certains journalistes généralistes se sont retrouvés démunis face à des experts plus ou moins sérieux révélant leur « vérité », sans possibilité d’introduire des contradictions, de s’opposer à un semblant de pensée critique, ou de vérifier la crédibilité des locuteurs concernés.
Qu’on ne s’y trompe pas : cette situation de confusion générale, pourtant exceptionnelle, a surtout révélé le cruel manque de culture scientifique dans notre société, notamment parmi les médias et l’élite politique, et la vision naïve que nous poursuivons la « science », marquée par le statut de gouvernement et parole unilatérale. , pourtant, la société n’a jamais été aussi scientifique et rationnelle. La science et la technologie s’infiltrent dans nos appareils high-tech, les soins, les voyages, la communication et le traitement de l’information. Dans ce contexte, comment évaluer l’importance des décisions prises par des algorithmes d’intelligence artificielle ou de sécurité vaccinale, sans comprendre comment ils se développent ? Quid des lois de la bioéthique sans connaître le potentiel réel des nouveaux outils de régulation génétique ? Comment envisager la fin de vie sans avoir une vision des différents états de conscience ? sans avoir étudié des études scientifiques sur le sujet ?
Un enjeu démocratique
À l’ère des réseaux sociaux et du triomphe des théories du complot, des pseudo-experts et des charlatans de la pensée, le rôle des médias dans la diffusion de l’information scientifique est devenu un véritable enjeu démocratique. Il est donc urgent d’intégrer une composante scientifique digne de ce nom dans la formation des journalistes généralistes, de la même manière qu’ils sont tenus de maîtriser les bases de l’économie, de l’histoire, du droit ou des sciences politiques. En effet, savoir distinguer une affirmation scientifiquement fondée d’une affirmation qui ne reflète que l’opinion de la personne qui la donne est quelque chose qui s’apprend. Vérifier la reproductibilité de certaines études, la nature des revues qui les publient ou les financements qui les ont rendues possibles nécessite une certaine expérience.
D’autres possibilités sont envisagées. La loi de programmation de la recherche du 24 décembre 2020 prévoit la création d’une Maison de la science et des médias, potentiellement territorialisée, destinée à « développer les relations et faciliter les contacts rapides entre journalistes et chercheurs » pour améliorer l’accès du grand public à une information honnête et rigoureuse et accroître » l’apport des éclairages scientifiques dans les débats publics sur les grands enjeux d’actualité ». Une information scientifique encore trop souvent sacrifiée sur l’autel du sensationnalisme ou des mots les plus séduisants.
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Raccourcis et fausses conclusions
Les exemples récents ne manquent pas. Première étude à prouver l’existence d’un effet négatif sur la santé des ondes émises par nos antennes-relais ou nos téléphones portables, la presse l’a aussitôt souligné ou massivement relayée sur les réseaux sociaux. Sans que personne ne se soucie de présenter toutes les données disponibles de manière équilibrée. Et lorsque l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) rappelle que « les connaissances scientifiques restent limitées en raison des effets biologiques et sanitaires liés aux fréquences autour de 3,5 GHz » émises par le réseau 5G, ces incertitudes légitimes montent au même niveau que les connaissances acquises sur le siècle dernier sur les ondes électromagnétiques, qui convergent sur l’innocuité des radiofréquences.
C’est également le cas des écrans qui font l’objet d’une grande peur en raison de l’impact sur le développement cognitif et affectif des enfants, notamment en période de fermeture et de fermeture des écoles. Au risque de multiplier les raccourcis, d’exagérer les relations de cause à effet et de concilier de fausses conclusions.
Quant à l’idée de coloniser Mars, grand sujet du moment, la plupart des médias acceptent les déclarations d’Elon Musk presque telles qu’elles sont, qui veut envoyer un million de personnes sur cette grosse pierre hostile à la vie humaine, assurant dans la foulée que cette « aventure » entraînera la mort. des foules de gens « . Qui rappellerait que Musk n’a pas encore le pouvoir – au moins législatif – d’envoyer ses concitoyens à l’échafaud ? Quand s’interroger sur l’importance de la colonisation d’une planète morte, au cas où nous aurions épuisé toutes les ressources sur Terre ?
Changer notre regard
Bien entendu, ces structures scientifiques et médiatiques ne suffiront pas à remédier au traitement médiatique imparfait de la science. En fait, beaucoup s’inquiètent des effets pervers d’une telle initiative. A commencer par le risque de transformer ces structures en nouvelles plateformes d’influence politique ou industrielle, menaçant l’indépendance journalistique et exacerbant la méfiance du public à l’égard des discours descendants. D’autant plus qu’à l’image de ces vulgarisateurs scientifiques-influences que la mystérieuse agence de communication, probablement mandatée à la Russie, proposait de dénigrer le vaccin Pfizer-BioNTech, l’information scientifique est également devenue un nouveau champ de lutte économique et géopolitique.
Enfin, l’urgence consiste sans doute à changer notre vision collective de la science, souvent sacrée ou revêtue d’un statut d’autorité. Une science qui produit la vérité indéniable que les médias se contenteront de transmettre des citoyens passifs. Constituée de femmes et d’hommes opérant dans un système avec leurs propres qualités et défauts, l’information scientifique peut être analysée, critiquée et discutée en suivant une méthode particulière. Ce n’est qu’alors que la science cessera d’être considérée comme une source d’anxiété, mais comme une manière passionnante de comprendre le monde qui nous entoure.
Raphaël Chevrier est l’auteur de « Que dit la science ? Les vaccins, la 5G, le PMA, le numérique, le génome… pour enfin y voir clair », paru en avril dans Buchet/Chastel.
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